Décrire une image
Introduction
En cours de français, on est vite confronté au type d’exercice suivant : décrire et analyser une image. Nous avons réuni ici des explications, des conseils et des listes de vocabulaire pour t’aider dans cet exercice. Nous avons aussi rédigé deux exemples afin de t’aider à mettre toutes ces nouvelles connaissances en pratique. Tu verras, décrire une image, c’est plutôt amusant !
Méthode
Identifier l’image
Avant toute chose, il est important de bien identifier l’image et de trouver les informations relatives au document lui-même avant de commencer la description. Pour cela, il faut répondre aux questions suivantes (dans la mesure du possible) :
- Qui est l’auteur de l’image ?
- Quel est le titre de l’image ?
- Quelle est la date de création ou de parution ?
- Quelle est la nature de l’image : photographie, dessin, œuvre d’art, etc. ? Et si possible, quelle est la technique employée (noir et blanc, couleurs, peinture à l’huile, aquarelle, etc.) ?
- S’il s’agit d’une œuvre d’art : où est-elle conservée ? S’il s’agit d’une photographie : où a-t-elle été publiée (pays, titre du journal, du livre…) ?
- L’image a-t-elle été modifiée, recadrée ? Quel est le format original ?
Ces premières indications sont importantes et jouent un grand rôle dans l’analyse et l’interprétation. En effet, l’image a peut-être un caractère politique (date, publication dans un journal…), symbolique (courant artistique) ou bien simplement documentaire. Il est donc utile, et même nécessaire, de bien identifier la nature de l’image.
Les différents types d’image
Voici une liste non exhaustive des différentes sortes d’image auxquelles on peut avoir affaire lors de cet exercice :
- Un tableau
- Un dessin
- Une caricature (un dessin satirique, un dessin de presse)
- Une photographie
- Une illustration
- Un graphique (un diagramme circulaire, un diagramme en bâtons…)
- Une scène de film
- Une affiche (une publicité)
- Une carte
- Une case ou un bandeau de bande dessinée
Décrire l’image
Dans un second temps, tu peux te concentrer sur ce que tu vois et décrire l’image. Mais attention, il faut organiser un peu son texte pour ne pas partir dans tous les sens.
- Commence par le plus simple : où se situe la scène ? Ou bien : qu’est-ce qui attire l’attention dès le premier coup d’œil ?
- Situe ensuite ce que tu vois dans l’espace : au premier plan, au second plan, à l’arrière-plan, au milieu, en haut, en bas, à gauche, à droite…
- Concentre-toi ensuite sur ce qui est représenté pour faire une description plus en détail :
- des personnages : Qui sont-ils ? Sont-ils connus ? Que font-ils ? Parlent-ils entre eux ?
- des animaux : Que font-ils ?
- des objets : Comment sont-ils ?
- un paysage : De quel type ? Comment est la lumière ? Quelle heure peut-il bien être ?
- un symbole : Comment est-il ? Que représente-t-il ?
- une scène historique : Comment sont placés les personnages ? Y a-t-il des symboles ?
- un événement connu
On essaie, le plus souvent, de partir d’une vue d’ensemble pour affiner de plus en plus la description en observant les détails. Attention, il ne faut pas exprimer d’opinion personnelle dans cette partie, elle doit être rédigée le plus objectivement possible.
Cette description te permet de bien comprendre le sujet, le thème principal de l’image : thème politique, religieux, historique… et vous donne déjà des idées pour la rédaction de la troisième partie.
Essaie de varier le vocabulaire tout au long de la description. Pour présenter les différents éléments, tu peux employer, entre autres, les tournures suivantes :
- il s’agit de
- la scène se passe à/en
- … est représenté/se trouve au premier plan
- on observe/on distingue/on peut voir/on remarque
- il y a
- on peut identifier/on peut supposer
Interpréter l’image
En dernier lieu, tu dois fournir une analyse personnelle de l’image. Grâce à la description détaillée, tu as maintenant toutes les clés en main. Mais attention, il ne s’agit pas de répéter la description !
Dans cette partie, il vous faut exprimer votre opinion : à quoi cette image te fait-elle penser, qu’éveille-t-elle comme sentiments en toi ? Ces sentiments sont-ils plutôt positifs (curiosité, bien-être, envie d’évasion, rire…), négatifs (colère, tristesse, dégoût…) ou neutres ? Essaie de décrire ce que l’image transmet, en matière de sentiments mais aussi d’informations.
L’image veut-elle provoquer une réflexion sur un thème particulier ? Par quels moyens ? Essaie de comprendre comment l’image « fonctionne », comment elle provoque telle ou telle pensée, tel ou tel sentiment.
Donne ton avis : quel est le but de l’auteur de l’image ? Que veut-il nous montrer ? Trouve une ligne directrice et expose tes idées clairement. N’hésite pas à employer des tournures à la première personne : je remarque que, à mon avis, selon moi… mais aussi à exposer des hypothèses : je pense que l’auteur veut nous montrer que…
À partir du niveau B2 d’apprentissage du français, on essaie d’employer des tournures moins personnelles et de présenter son analyse de façon un peu plus neutre (voir les exemples).
Dans cette partie, pense à faire usage de toutes tes connaissances : le contexte historique, économique, artistique, géographique, la biographie de l’auteur… sont autant d’éléments importants pour analyser une image. C’est souvent en replaçant l’image dans son contexte que l’on comprend sa « fonction », le message qu’elle veut faire passer.
Info
Cette manière assez subjective d’interpréter une image ne conviendra pas s’il s’agit d’une carte ou d’un graphique. Dans ce cas, il faut présenter les conclusions auxquelles on aboutit après avoir décrit l’image et parler du thème ou du fait que l’image illustre, par exemple : les activités préférées des Français pendant leur temps libre ou bien les flux migratoires en Europe. Ce type d’exercice requiert beaucoup de rigueur (voir l’exemple 2).
Conseil
Si tu veux t’entraîner à décrire des œuvres d’art, tu peux faire un tour sur le site du Musée du Louvre. Tu y trouveras une section intitulée Œuvres à la loupe qui présente des analyses passionnantes d’œuvres célèbres exposées au Musée. N’hésite pas à noter les mots et les tournures qui te plaisent dans un carnet, tu pourras ensuite t’entraîner à les employer dans tes propres textes.
De nombreux musées proposent une description de certaines de leurs œuvres sur Internet : le Musée d’Orsay, le Musée des Beaux-Arts de Bordeaux, le Palais des Beaux-Arts de Lille, etc.
Exemple 1
La Liberté guidant le peuple
Source : Wikimedia Commons
Identification
Il s’agit d’une peinture à l’huile réalisée par Eugène Delacroix en 1830 et intitulée La Liberté guidant le peuple. C’est un tableau de grand format (2,60 × 3,25 m), conservé au Musée du Louvre.
Description
Grâce aux lignes directrices du tableau et aux jeux de lumière, notre œil est tout de suite attiré vers la figure centrale, cette femme du peuple au buste découvert qui porte un drapeau français dans la main droite, une carabine dans la main gauche, et un bonnet phrygien sur la tête. Elle semble exorter le peuple qui la suit à aller de l’avant. Tous les objets dont elle est parée ont une valeur hautement symbolique : cette femme représente la Liberté (comme l’indique d’ailleurs le titre de l’œuvre). Elle se tient au milieu d’une scène de combat.
Au premier plan, on peut voir trois cadavres de soldats étendus au sol, mêlés aux pierres et aux poutres de la barricade. Un homme émerge des décombres ; tout son corps est tendu vers la femme personnifiant la liberté, ses yeux sont fixés sur elle. À gauche de la Liberté, un enfant des rues brandit deux pistolets. À sa droite, deux hommes armés (un ouvrier et un homme qui ressemble plus à un bourgeois) semblent bien décidés à la suivre avec courage et détermination.
À l’arrière-plan, la foule des émeutiers est en partie dissimulée par une épaisse fumée (signe des nombreux combats, coups de feu, explosions qui ont lieu en dehors du cadre du tableau) qui crée une ambiance apocalyptique. Sur la droite, on distingue les tours de Notre-Dame de Paris et des bâtiments haussmanniens.
Les couleurs dominantes sont le bleu, le blanc et le rouge qui émergent des teintes jaunes, marron et grises.
Interprétation
La scène se déroule à Paris, en 1830 : Eugène Delacroix dépeint ici une scène des Trois Glorieuses, ces trois journées de soulèvement populaire contre le roi Charles X (les 27, 28 et 29 juillet). À la fin de ces trois jours d’émeutes, Charles X, qui voulait porter des atteintes fondamentales à la liberté d’expression et aux droits du peuple, abdique. Quelques jours plus tard, Louis-Philippe inaugure la « Monarchie de juillet ».
Cette œuvre d’art représentant un fait d’actualité brûlant, une foule d’émeutiers qui franchit une barricade, a un fort caractère allégorique. Le tableau est truffé de symboles renvoyant à la patrie et à la liberté (le drapeau français, le bonnet phrygien, les couleurs dominantes bleu, blanc et rouge…). La femme au buste découvert est une figure allégorique de la Liberté (elle incarnera même la République au siècle suivant). Mais bien qu’elle soit plus une idée qu’une personne réelle, elle se mêle au peuple, elle rassemble les ouvriers et les bourgeois, elle les pousse au combat.
La violence est partout présente dans cette scène de combat. Où que notre regard se porte, il croise des armes, des cadavres disloqués, des regards implacables. Dans La Liberté guidant le peuple, Eugène Delacroix sublime la misère du peuple en mettant en avant son héroïsme. Le patriotisme rassemble tous les combattants, malgré leurs différences sociales. Cette représentation du peuple parisien et de la violence des combats pendant les Trois Glorieuses ont pu choquer nombre de spectateurs à l’époque, et l’œuvre a été, au début, violemment critiquée par la société bourgeoise.
Notons qu’Eugène Delacroix est considéré comme le chef de file du mouvement romantique français en peinture. Il rompt avec l’âge « classique » et la peinture d’histoire traditionnelle. Il ne choisit pas ici un sujet tiré de l’histoire antique ou un sujet religieux, mais un sujet moderne qu’il n’a pas peur de représenter dans toute sa violence. L’engouement des Romantiques pour les actions révolutionnaires et le patriotisme de cette époque concourt à faire émerger, dans les arts, une autre vision du peuple et de l’histoire.
Conclusion
La Liberté guidant le peuple d’Eugène Delacroix n’a pas seulement marqué les esprits de ses contemporains, elle est entrée dans la postérité et incarne, encore aujourd’hui, l’idéal révolutionnaire et le combat pour la liberté. L’œuvre a été utilisée à de nombreuses occasions, par exemple sur les billets de banque de cent francs entre 1978 et 1995. Il n’est pas irréaliste de penser que cette toile issue du génie d’un des plus grands peintres français continuera à traverser les âges en faisant passer son fort message politique.
Exemple 2
Nombre de kilomètres parcourus en vélo en Europe (moyenne, par personne et par pays)
Source : Wikimedia Commons
Identification
Nous avons affaire à un graphique représentant des données, et plus précisément à un diagramme en bâtons horizontaux. Comme l’indique le titre, il représente une moyenne du nombre de kilomètres parcourus en vélo en Europe par personne et par pays. Ce diagramme a été établi sur la base de données issues de l’European Athletic Association (EAA) - l’Association européenne d’athlétisme - en 2008.
Description
Le diagramme est organisé de la façon suivante : sur l’axe des y (vertical) sont représentés 15 pays de l’Union Européenne et, en dernière position, la moyenne de ces 15 pays. Sur l’axe des x (horizontal) sont représentés les kilomètres, de 0 à 1000. Nous avons donc ici des données chiffrées (kilomètres) pour des pays différents : le diagramme nous montre une répartition. La mention de la source du graphique nous apprend que les données ont été récoltées en 2008.
Ce diagramme nous permet donc de visualiser une moyenne du nombre de kilomètres parcourus en vélo par personne pour 15 pays de l’Union Européenne pendant l’année 2008.
Sur l’axe des y, les pays sont classés dans un ordre bien précis. En haut de l’axe, on trouve les pays dont les habitants parcourent le plus de kilomètres en vélo par an, puis l’ordre va décroissant. En bas de l’axe se trouvent les pays dont les habitants parcourent le moins de kilomètres en vélo par an. La donnée la plus proche de l’axe des x est une moyenne de tous ces pays.
Le pays dont les habitants parcourent le plus de kilomètres en vélo est le Danemark (936 km en 2008 en moyenne), suivi de près par les Pays-Bas (848 km). Il y a une grande différence entre la seconde place et la troisième place, puisque les habitants de la Belgique ne parcourent en moyenne que 322 kilomètres par an (on passe donc de 848 à 322 kilomètres en l’espace de deux données). La Belgique est suivie par l’Allemagne (291 km), la Suède (271 km), la Finlande (251 km) qui sont très proches les unes des autres, puis on trouve l’Irlande (184 km), l’Italie (154 km) et l’Autriche (136 km). Trois autres pays se succèdent avec des données presque semblables : la Grèce (76 km), la France (75 km) et le Royaume-Uni (75 km). Enfin, le Portugal (29 km), le Luxembourg (23 km) et l’Espagne (20 km) sont les pays dont les habitants ont parcouru le moins de kilomètres en vélo en 2008. La moyenne de l’Union Européenne est de 188 kilomètres par personne et par an.
On voit donc émerger plusieurs groupes : le premier groupe en tête entre 848 et 936 kilomètres (2 pays), le second groupe entre 251 et 322 kilomètres (4 pays), le troisième groupe entre 136 et 184 kilomètres (3 pays), le quatrième entre 75 et 76 kilomètres (3 pays) et le dernier groupe entre 20 et 29 kilomètres (3 pays).
Interprétation
La première chose que l’on remarque en regardant ce diagramme en bâtons est l’écart très marqué entre le pays dont les habitants ont parcouru le plus de kilomètres en vélo en 2008, le Danemark (936 kilomètres) et le pays dont les habitants ont parcouru le moins de kilomètres, l’Espagne (20 kilomètres) : l’écart est de 916 kilomètres. Il y a donc une grande hétérogénéité en Europe en ce qui concerne le thème de l’utilisation du vélo comme moyen de transport.
On remarque que l’usage du vélo est très répandu dans les pays d’Europe du Nord (Danemark, Pays-Bas, Belgique, Allemage, Suède, Finlande) et qu’il l’est un peu moins dans les pays d’Europe du Sud (Grèce, Portugal, Espagne). Mais ce constat est à relativiser : l’Italie est en bonne place dans ce classement (154 km) tandis que le Royaume-Uni occupe la 12e place (75 kilomètres). L’hypothèse d’une répartition géographique est donc à nuancer. Bien sûr, le climat joue un rôle important dans les habitudes d’utilisation du vélo comme moyen de transport : le vélo est sûrement moins utilisé dans les pays où il fait très chaud en été, car il est désagréable, voir même parfois impossible, de rouler par grande chaleur. Mais ce constat est aussi valable pour les pays du Nord où il fait plus froid en hiver et où il pleut plus, conditions météorologiques qui pourraient aussi rebuter les cyclistes. La géologie des pays ne semble pas jouer de rôle majeur : il est vrai que le Danemark, les Pays-Bas et la Belgique sont des pays plutôt plats, mais l’Italie, la Grèce et l’Autriche, qui sont des pays plus montagneux, obtiennent de bonnes places dans ce classement. La densité de l’urbanisation peut aussi jouer un rôle important : il y a dans certains pays une distance plus longue à parcourir pour se rendre d’un point A à un point B en vélo.
Cette répartition peut aussi peut-être s’expliquer par une certaine « culture du vélo ». Les pays placés en tête du classement sont connus pour leur engagement en matière d’écologie et de développement durable. Copenhague, est, par exemple, l’une des villes les plus « vertes » d’Europe : on y trouve un nombre important de services industriels utilisant en majeure partie des ressources naturelles. Afin d’éviter l’émission de carbone et de diminuer le taux de pollution de l’air, des politiques de la ville sont mises en place pour favoriser l’utilisation du vélo : construction de nombreuses pistes cyclables, campagnes de sensibilisation… Le vélo fait donc réellement partie du quotidien de nombreux Danois, Belges ou Allemands. Ce n’est malheureusement pas encore vraiment le cas en Espagne, au Portugal, au Royaume-Uni ou en France, bien que de plus en plus de personnes adoptent le vélo comme moyen de transport pour ses vertus sur la santé mais aussi pour son caractère écologique.
Conclusion
Les hypothèses que j’ai exposées peuvent nous permettre de mieux comprendre la répartition des données dans ce graphique, mais d’autres informations seraient nécessaires pour les confirmer ou les réfuter. Il serait intéressant de comparer ce diagramme à un autre diagramme présentant les mêmes données pour l’année 2015 et d’observer les évolutions, car de nombreux pays européens ont fait de grands progrès en matière de protection de l’environnement depuis 2008.